Mais c’est quoi le burn out

« Mais c’est quoi le burn out (BO), vécu de l’extérieur, vécu de l’intérieur »

Et si on sortait des clichés…

 Vécu de l’extérieur :

« Tu t’es bien reposé pendant trois mois, il serait temps de te remettre au boulot. »

« Allez, mords sur ta chique et va bosser, tu es resté suffisamment de temps à la maison. »

« Tu ne va pas quitter  ton emploi tout de même ! Mais enfin, tu vas te mettre en danger ! »

« Prendre du temps pour soi, pour prendre soin de soi: mais qu’est-ce que ça veut dire ? »

 

Le regard des personnes qui côtoient une personne en BO est influencé par son propre vécu.

Ce regard extérieur conditionne un retour souvent vécu comme très dur par les personnes en BO. Et cela malgré la bienveillance de cet entourage, tant dans la sphère professionnelle que familiale.

Les clichés sont  des idées reçues qui peuvent découler de certaines de nos croyances.

Par exemple, ceux qui ont appris enfant qu’ « il faut tout donner pour réussir dans la vie », comment vont-ils réagir quand un de leur proche tombera dans une crise d’épuisement au travail ? Certaines personnes perçoivent l’arrêt de travail comme un échec pour eux-mêmes et projettent ce ressenti sur leurs proches.

Le poids des croyances individuelles et collectives peut avoir un effet contreproductif sur les patients en BO.

La personne en BO vit les choses avec une sensibilité exacerbée.

Le BO est une pathologie multifactorielle qui touche des sphères très différentes de l’individu. Il peut provoquer des troubles de la mémoire, de la concentration, des douleurs musculaires, des céphalées, des troubles de sommeil mais aussi une fragilité émotionnelle. Ce dernier aspect prend bien souvent beaucoup de temps à se régulariser (de quelques mois à quelques années). Ce travail de reconstruction varie pour chaque patient et il est important que cette reconstruction soit faite en profondeur.

 

La situation d’une personne en BO pourra évoluer de façon positive grâce à la compréhension et le soutien de l’entourage. Il ne faut pas minimiser l’importance de la prise en charge thérapeutique (médecin, psychologue, thérapeute psychocorporel,…) et le temps nécessaire pour permettre une évolution favorable de la crise.

 

Vécu de l’intérieur :

« Quand j’étais au travail je me sentais définie par rapport aux autres. Aujourd’hui j’ai perdu tous mes repères. »

« En étant malade, je me sens différente des autres et donc susceptible d’être rejetée. »

« Je me sens comme un animal blessé. J’ai peur qu’on me voit comme quelqu’un de faible et qu’on me mette de côté. Ca me fait peur. »

« Je n’arrive pas à remettre le pied à l’étrier aussi vite que je l’espérais. Cela me donne un grand sentiment de culpabilité. »

 

Quand les personnes en BO sont confrontées aux croyances individuelles, ils vivent dans l’anxiété (omniprésente) du regard dévalorisant de leur entourage.

Ce sont bien souvent ces mêmes croyances qui amènent les personnes dans une situation d’épuisement.

Reprenons le même exemple de quelqu’un à qui on a dit enfant : « Il faut tout donner pour réussir dans la vie », comment vivra-t-il ses besoins de limites dans le cadre de son travail ? Va-t-il être capable de percevoir les signes de fatigue qui l’avertiront qu’il dépasse les limites que son corps (physique et mental) peut endurer ? Ou va-t-il être sourd à ces signaux parce que « il faut tout donner, donc on souffre en silence et on continue ».

Accepter qu’ils en soient arrivés à ce stade d’épuisement extrême est une démarche très difficile pour les patients en BO. Faire le pas entre « Ça n’arrive qu’aux autres » et accepter que « Ça leur soit arrivé à eux aussi » est long et compliqué. C’est un travail tout à fait personnel. La personne en BO est face à un chantier de remise en question et de réappropriation de ses choix. C’est une phase de grande vulnérabilité émotionnelle pour eux.

 

La dimension émotionnelle de l’épuisement des personnes qui vivent le BO est profonde et très lente à récupérer. L’entourage doit souvent faire preuve de beaucoup de patience et de bienveillance pour qu’ils puissent enfin reprendre confiance dans leurs ressources intérieures.